Cet été, on prend le temps de lire
Qu’appelle-t-on « lecture d’été » ? Lire en été, est-ce se cantonner au « livre de vacances » ? Est-ce promener avec soi un « livre de plage », un gros pavé facile à lire et qui ne s’abime pas trop sur le sable ? Est-ce lire tout ce qu’on n’a pas eu le temps de lire dans l’année ? Est-ce lire des choses plus difficiles parce qu’on a davantage de temps ? Est-ce justement prendre son temps pour lire ? Oui, mais encore, quoi lire ? Petite sélection, made in Campus France, pour lire autrement cet été : du roman francophone au roman des origines et de l’exil, du témoignage sportif au récit de voyage, en passant par les essais de vulgarisation scientifique, tout y est !
Tout le monde lit… s’il a le temps ! D’après une récente étude (juin 2024), réalisée par un média économique américain qui mesure le temps consacré à la lecture et le nombre de livres lus dans le monde, on trouve dans le Top 10 des « pays lecteurs » : les Etats-Unis (17 livres lus, 357 heures de lecture par an), l’Inde, le Royaume-Uni et la France (14 livres par an, 305 heures de lecture). Suivent l’Italie, le Canada, la Russie, l’Australie, l’Espagne et les Pays-Bas. Pour les auteurs de l’enquête, quel que soit le pays, il ne fait donc « aucun doute que la lecture sert de refuge face aux exigences du travail, des études et des obstacles personnels, permettant aux individus de s’immerger dans d’autres réalités et d’acquérir de nouvelles perspectives ».
Du côté des francophones
Ce sont ces autres réalités et ces nouvelles perspectives que nous vous invitons à explorer ici. Et d’abord, en attendant l’automne où une centaine de chefs d'États sont attendus en France pour le Sommet de la francophonie, voici des titres issus de la littérature francophone, pour découvrir à la fois une langue française sans frontières et des histoires qui mêlent destins personnels et questions migratoires :
- Un Homme sans titre par Xavier Le Clerc (éditions Folio), grand prix 2023 du Roman métis, prix littéraire international qui récompense « un roman francophone soulignant les valeurs du métissage, de la diversité et de l'humanisme ». Ce très beau récit, écrit par un franco-algérien, retrace le parcours du père arrivé d’Algérie en France en 1962. En « hommage à une génération d’immigrés », ce roman familial et autobiographique « résonne comme un cri de révolte contre l’injustice » ;
- Les Jours mauves par Kalindi Ramphul (éditions JC Lattès), une autrice, réalisatrice et scénariste franco-mauricienne, diplômée de l’Ecole supérieure de journalisme de Paris, qui signe là un premier roman, très drôle. Un road-trip en France où une jeune femme chargée de répandre les cendres de son père mauricien « va découvrir bien des secrets et se découvrir elle-même surtout ». Une « nouvelle voix pleine de fraîcheur, sensible et décapante », selon son éditeur ;
- Deux Grands hommes et demi par Diadié Dembélé (éditions JC Lattès), ancien étudiant malien diplômé du master de création littéraire de l’université Paris 8, lauréat du Prix de la vocation en 2022. Deux grands hommes et demi est l’histoire de deux amis qui « vivent la route de l’exil », de Bamako à Paris, de façon très différente. Un parcours décrit « avec force et originalité » pour évoquer les liens entre la France et le Mali et raconter une profonde histoire d’amitié.
Du côté des sportifs (et des sportives)
En ces temps de Jeux olympiques, comment passer à côté du sport, des sportifs et des sportives ? Sur notre podium : une biographie, une histoire du sport et un roman, trois livres pour rester dans l’esprit des Jeux :
- Jessie Owens par Alain Foix (éditions Folio), une belle biographie inédite du quadruple médaillé d'or aux JO de 1936, meilleur sprinter de l’entre-deux guerres, l’homme « qui a défié Hitler ». L’histoire d’un sportif « arraché à sa modeste condition de petit-fils d'esclave » qui, grâce à ses exploits physiques, est devenu « l’emblème du sport comme espace possible de fraternité » ;
- Championnes par Valérie De Swetschin et Régis Dupont, illustrations de Sheina Szlamka (édition Eyrolles), un bel ouvrage illustré pour comprendre que « l’histoire du sport ne s’écrit pas qu’au masculin » ! En une cinquantaine de portraits (de Billie Jean King à Katarina Witt, en passant par Nadia Comaneci, Laure Manaudou, Junko Tabei ou Marie-José Pérec), ce livre retrace l’histoire de ces championnes, d'hier et d'aujourd'hui, françaises ou d'ailleurs, « qui ont révolutionné l'histoire du sport dans quasiment toutes les disciplines » ;
- L’Art du jeu par Chad Harbarch (éditions du Livre de poche), un excellent roman « tendre et subtil » qui suit les exploits d’un as du baseball sur un campus américain jusqu’au jour où il rate un lancer facile… A partir de là, son destin, ainsi que celui de quatre autres personnages, prennent « un tour décisif » ;
Du coté des voyageurs
Que serait un été sans voyages, sans voyageurs et sans bagages ? Deux récits du même aventurier, parus dans la même collection, ainsi qu’un recueil de récents souvenirs de voyages d’un journaliste, nous entraînent sur les pas de ces nouveaux voyageurs :
- Un été avec Homère par Sylvain Tesson (éditions des Equateurs/France Inter), un périple dans le sillage d’Ulysse ou « l’Iliade et l’Odyssée comme on ne vous les a jamais racontées ». Un voyage « entre la mythologie et le monde d’aujourd’hui », épique et drôle, un « merveilleux petit livre pour une lecture festive et pleine de poésie », selon les mots de l’éditeur ;
- Un été avec Rimbaud par Sylvain Tesson (éditions des Equateurs/France Inter), un autre voyage sur les pas d’un des plus grands poètes français à la vie mystérieuse. Lire Rimbaud « condamne à partir un jour sur les chemins », lire Rimbaud c’est le suivre quand il s’échappe des Ardennes, quand il « cavale dans la nuit parisienne, court après l'amour en Belgique, se promène à Londres puis s'aventure à mort sur les pistes d'Afrique »…
- Regarde le monde par Emmanuel Khérad (éditions Stock), un livre qui réunit douze récits de voyages mettant en valeur « la diversité du monde et les découvertes » : Maroc, Suisse, Belgique, Haïti, Algérie, nombreux sont les pays dans lesquels Emmanuel Khérad, journaliste passionné par la francophonie, a fait escale à la rencontre des écrivains et des artistes qui partagent avec lui « leurs regards sur leur pays et leur culture ».
Du côté des sciences
Quoi de mieux que l’été pour, l’esprit plus libre, s’ouvrir à la science ? C’est l’objectif du prix Le goût des sciences, lancé par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui a pour but de rendre plus accessible la science et l'information scientifique à tous les publics et notamment aux jeunes. Mêmes objectifs pour le prix Sciences pour tous qui propose ici de rendre plus accessible des thèses de doctorat :
- S’il te plaît, dessine-moi un cachalot par François Sarano et Pome Bernos (éditions Actes Sud), qui a obtenu le Prix du livre scientifique. Une bande dessinée dont le point de départ est la rencontre d’une illustratrice avec l’océanographe et ancien chef d’expédition sur la Calypso du Commandant Cousteau, François Sarano. Et c'est passionnant !
- Le Grand livre des animaux de l’extrême par Sophie Blitman, Juliette Ravaux et Claire Martha (éditions La Martinière jeunesse), lauréat du Prix jeunesse. Un livre illustré pour découvrir les « facultés méconnues » de certains animaux qui vivent dans des milieux hostiles, mais un livre à ne pas emporter sur la plage : son format est XXL !
- Sciences en bulles : sport et sciences, une bande dessinée présentant les thèses de 10 doctorantes et doctorants sur le thème du sport et de la science, expliquées sous forme de BD réalisées par Héloïse Chochois. A télécharger gratuitement.
Du coté des jeunes écrivains
Ce sont encore des histoires d’exil, de terres d’origines et de mémoire que portent les jeunes écrivains de notre sélection :
- Rapatriement par Eve Guerra (éditions Grasset), qui a obtenu le Prix Goncourt du premier roman 2024. Un premier « roman époustouflant », selon les critiques, inspiré de la propre vie de la romancière, qui raconte l’histoire d’une étudiante installée à Lyon, loin du Congo-Brazzaville où elle est née et de ses parents, un ouvrier franco-italien exilé en Afrique et une villageoise congolaise. Confrontée à la mort de son père et au rapatriement de son corps en France, elle découvre secrets de famille, mensonges et corruption…
- Souviens-toi des abeilles par Zineb Mekouar (éditions Gallimard). Deuxième roman d’une écrivaine d’origine marocaine, passée par Sciences-Po et HEC Paris, qui aborde ici les « thématiques de la place de l’homme au sein de la nature et de la vulnérabilité de l’enfance ». Un roman empathique, « puissant et dense » sur un jeune garçon de 10 ans qui est initié par son grand-père à la nature, à l'appel des abeilles, tandis que sa famille se délite ;
- Ceux qui appartiennent au jour par Emma Doude van Troostwijk (éditions de Minuit), premier roman d’une metteure en scène et autrice, titulaire d'un master de création littéraire de l'Université Le Havre Normandie, qui décrit l'histoire d'une famille de pasteurs. Le temps d’un séjour dans sa maison d’enfance, la narratrice retrouve sa famille, où depuis des générations, tous ont choisi le métier de pasteur, des Pays-Bas à l’Alsace, et où tous perdent la mémoire…