Photo de groupe colloque de l'accueil 2024
© Romain Didier – Les Ateliers du Lux

10e édition du Colloque de l’accueil de Campus France : dix ans de progrès dans l’accueil

Institutionnel

La 10e édition du Colloque de l’accueil de Campus France était organisée cette année à Nancy, les 28 et 29 mai, en partenariat avec l’Université de Lorraine et avec le soutien de la métropole du Grand Nancy. Après Aix-en-Provence en 2022 et La Rochelle en 2023, c’était au tour de Nancy d’accueillir (et de bien accueillir !) ce colloque qui a réuni 370 représentants de 147 établissements d’enseignement supérieur français. Un colloque qui n’a pas fait l’impasse sur les sujets qui fâchent, mais qui a montré que grâce à l’effort de tous, il y a de bonnes raisons de continuer à faire de la France une terre attractive pour les étudiants de toutes origines.

C’est donc une rencontre au message positif et encourageant, malgré un contexte qui n’est pas toujours porteur, qui est venue célébrer dix ans d’échanges, de débats, d’idées, de souhaits, mais aussi de réalisations concrètes et de succès au service de l’accueil des étudiants internationaux. Que d’avancées en dix ans dans l’accueil et l’accompagnement de ces étudiants ! C’est le constat initial dressé par Donatienne Hissard, Directrice générale de Campus France, qui a rappelé en ouverture de ce dixième colloque tout ce que la France avait mis en œuvre en termes d’attractivité : la stratégie Bienvenue en France et la labellisation des établissements, la plateforme numérique pour l’obtention des visas, l’augmentation de l’offre de formation en anglais, une meilleure coordination entre les différents acteurs de la « chaîne de l’accueil »… Autant d’exemples d’actions qui montrent qu’en dix ans, « l’accueil des étudiants internationaux s’est professionnalisé ».

 

Accueillir en Lorraine

Avant la Directrice générale s’était exprimée à la tribune la « puissance invitante » du colloque. La première d’entre elle, Hélène Boulanger, Présidente de l’Université de Lorraine, a souligné que l'organisation de ce colloque-anniversaire à Nancy était loin d’être un hasard : la Lorraine est historiquement « une terre d’accueil » et l’accueil des étudiants et des chercheurs internationaux prend tout son sens à Nancy, ville marquée par une forte présence universitaire et une longue tradition de partage des connaissances et des savoirs.

Même remarque de la part de Matthieu Klein, Président de la Métropole et maire de Nancy, pour qui Nancy est une « ville monde », le « cœur battant » de toute une région, jeune, dynamique, imbriquée au cœur de l’Europe, avec un fort investissement dans la recherche et l’innovation. A Nancy, qui accueille 9900 étudiants internationaux (soit +37% depuis 2018), un habitant sur cinq est un étudiant ! Un chiffre qui montre « l’incroyable lien » qui unit les Nancéiens au monde académique et universitaire. Pour concrétiser ce lien, deux annonces ont été faites : une réflexion de la Métropole pour financer des bourses de mobilité entrante et la création d’une Cité internationale, un « lieu totem », un guichet unique ou une « conciergerie », pour « rehausser encore les standards d’accueil des étudiants internationaux » et renforcer les liens entre les étudiants et l’économie de la région, parmi lesquelles on peut citer l’agence de développement économique et celle de la recherche et de l’innovation.

 

 

Porter une parole positive

Benjamin Leperchey, adjoint à la Directrice générale du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, qui intervenait à son tour en ouverture du colloque, a insisté pour sa part sur la continuité des actions de l’Etat en matière d’accueil des étudiants étrangers. Pour le représentant d’un des deux ministères de tutelle de l’agence, la stratégie d’attractivité envers les étudiants et les chercheurs internationaux est une priorité de l’Etat, qui a pour but de faire venir en France les meilleurs candidats, que ce soient aux niveaux master et doctorat ou encore dans la recherche. D’autant qu’il semble nécessaire, en amont, de bien informer les étudiants candidats au départ sur le coût des études en France : « trop d’étudiants sont en difficulté sur notre sol ». Il faut bien sûr continuer de déployer des efforts sur ce sujet et accompagner les étudiants en difficulté, notamment sur la question du logement qui est une priorité gouvernementale. A cet effet, pourraient être mobilisés les droits différenciés qui constituent un levier pour mieux accueillir les étudiants internationaux dans les établissements.

Revenant sur le débat autour du vote de la loi portant sur l’immigration, Benjamin Leperchey a constaté que la mobilité étudiante internationale n’était pas ou mal connue du grand public et qu’il était nécessaire de la valoriser, en portant une « parole positive » sur ces échanges étudiants. A l’appui de ces messages positifs, les résultats de l’enquête sur les alumni menée par Campus France, qui montre le chemin accompli en termes d’accueil, l’augmentation du nombre d’établissements labellisés Bienvenue en France et la nomination dans les préfectures d’un « référent attractivité » qui devrait faire, à ce niveau, une réalité de l’attractivité de la France.

 

 

Etre lucide

Cette parole positive a également été relayée par la Directrice générale de Campus France, clôturant la séance d’ouverture. Pour Donatienne Hissard, il convient néanmoins d’être lucide : les récents débats politiques ont montré que l’accueil des étudiants étrangers dans notre pays ne faisait pas l’unanimité, un questionnement que l’on retrouve d’ailleurs dans plusieurs autres grands pays d’accueil. C’est pourquoi il faut « convaincre autour de nous » que l’accueil des étudiants internationaux améliorera l’accueil de tous les étudiants, que cette « ouverture bénéficiera à tous » et que « les étudiants internationaux sont une chance pour la France »,  pour reprendre le mot de la Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

Etre lucide, c’est aussi regarder en face les « difficultés insupportables » vécues par certains étudiants étrangers sur notre sol, des difficultés qui alimentent « la défiance de certains de nos concitoyens ». Il faut donc « convaincre » et, à cet égard, la récente enquête sur les alumni diligentée par Campus France, adresse bon nombre de signaux. « Ces témoignages de réussite confortent notre travail d’accueil et nous incitent à aller encore plus loin dans nos actions », a conclu la Directrice générale.

 

Aller plus loin

C’est aussi le sens de la première intervention, portant sur l’accueil et l’accompagnement des étudiants internationaux dans les Crous, par Bénédicte Durand, nouvelle Présidente du CNOUS, le Centre national des œuvres universitaires et scolaires. Les « Œuvres » ont pour mission, a rappelé la Présidente, « d’accueillir les étudiants les plus fragiles, quelles que soient leur nationalité ». Il s’agit ainsi pour les Crous de « porter l’attractivité de la France », en accueillant tous ces étudiants dans toutes les dimensions des services possibles, y compris sociaux, pour les boursiers et non-boursiers. Le réseau des Crous héberge aujourd’hui près de 55 000 étudiants internationaux et mobilise de 25 à 30% de son parc de logement à cet effet. Les étudiants internationaux représentent ainsi 38% des étudiants hébergés.

 

 

« Sans misérabilisme, mais sans fard », il convient d’observer, selon Bénédicte Durand, que les étudiants internationaux accueillis dans les Crous présentent très majoritairement « un profil social cohérent avec notre mission première ». Mais, ce sont souvent « les plus fragiles parmi les fragiles », ceux qui « sollicitent le plus régulièrement et le plus fortement nos assistantes sociales ». Et, parmi ceux-ci, les « free-movers », soit 20 000 sur les 55 000 accueillis par les Crous, sont « les plus isolés, les plus exposés à tous les risques psychologiques, sociaux et académiques ». La « question des free-movers » est ainsi posée… Comment mieux les accueillir : au-delà des aides sociales, il faut « veiller plus encore à la qualité de leur intégration », en promouvant notamment « une politique d’affectation dans nos logements qui favorise la mixité des publics nationaux et internationaux ». A ce titre, la Présidente du Cnous a émis l’idée que les Crous, « puissent eux-aussi, au titre de leur action propre, bénéficier du label Bienvenue en France ». Une autre façon d’aller plus loin dans la volonté de mieux accueillir et de reconnaître le travail accompli.

 

Adopter une politique volontariste

Aller plus loin, c’était aussi la tonalité de la traditionnelle et très attendue table ronde portant sur les visas et les titres de séjour, qui a d’abord donné la parole à Arnaud Mentré, Sous-directeur des visas au ministère de l’Intérieur et des Outre-mer, qui a parlé de « politique volontariste ». Le ministère de l’Intérieur observe en effet une politique des visas « ouverte et ambitieuse », qui a pour objectif d’attirer en France « des publics cibles » tout en maintenant un contrôle sur l’immigration. Et, insiste le représentant du ministère, « les étudiants internationaux font partie des publics cibles ».

De son côté, Ludovic Guinamant, sous-directeur du séjour et du travail au même ministère, a mis deux points à l’ordre du jour. Le premier porte sur la nouvelle circulaire (mai 2024) portant création et mise en place de « référents attractivité » dans tout le réseau préfectoral, qui mobilisera de hauts-fonctionnaires, secrétaire général ou adjoint. Ces hauts responsables, formés et en capacité de décision pourront ainsi « trouver des solutions » en matière de titres de séjour favorisant notamment l’insertion professionnelle et la transition études/travail. La publication de cette circulaire est assurément une occasion de structurer de manière constructive et à un haut niveau le dialogue entre les établissements et chaque Préfecture sur les questions récurrentes autour des titres de séjour des étudiants internationaux.

Le deuxième point fort de l’intervention portait sur un focus explicatif des démarches de changement de statut entre celui d’étudiant et celui de salarié. Pour ces derniers, Ludovic Guinamant a conseillé d’orienter les étudiants internationaux diplômés vers la « carte talent » qui apparaît comme le dispositif le plus souple de transition entre études et activité professionnelle, surtout dans sa nouvelle mouture. Le titre talent, lié à un niveau de diplôme master et délivré à certaines catégories de salariés hautement qualifiés et aux chercheurs notamment, est en effet pluriannuel, dispense notamment de la demande d’autorisation de travail et facilite le regroupement familial des proches du détenteur.

 

Lutter contre la précarité et le mal-être

Au-delà de ces aspects positifs, la précarité, et tous les efforts déployés pour y faire face, semblent cependant avoir été le leitmotiv de cette dixième édition du colloque qui y a consacré un atelier et une table ronde. Si l’atelier sur l’accompagnement des personnels accueillant les étudiants internationaux dans les établissements a souligné un certain désarroi des personnels concernés face à une précarité qu’ils ne pouvaient souvent que constater (sans pouvoir concrètement agir), la table ronde sur la santé et le bien-être des étudiants internationaux a quant à elle tenté de répondre aux préoccupations exprimées en apportant des solutions.

Christine Salomé, chargée de mission santé des étudiants au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, a ainsi développé l’offre de services existants, à commencer par les Services de santé aux étudiants (SSE qui sont venus remplacer les SSU), ouverts à tous les étudiants et portés à la fois par les universités et les écoles. 62 SSE sont actuellement ouverts sur le territoire français et leur nombre est appelé à croître rapidement. Pour 31 de ces services, l’accès aux soins est garanti : le médecin du service peut devenir le médecin traitant de l’étudiant. Parmi les missions dévolues aux SSE, une « offre socle » avec la santé mentale, la santé sexuelle, les conduites addictives, la santé alimentaire et le sport. La « santé mentale » a ainsi fait l’objet d’un focus, avec notamment la formation des « secouristes en santé mentale » (accessible à tous les agents de la fonction publique) et des BAPU (Bureaux d’aide psychologique universitaires) qui permettent aujourd’hui de proposer 12 séances gratuites à tous les étudiants (et non plus 8).

 

 

Conforter les actions existantes

En marge de ces avancées concrètes, le Colloque de l’accueil s’est aussi attaché à rappeler les actions existantes. Conforter les actions existantes, c’est d’abord parler des efforts portés sur les alumni, un réseau qui compte aujourd’hui près de 400 000 membres dans 134 pays, en lien avec 4000 partenaires internationaux dont 1500 entreprises. La table ronde qui a présenté les résultats de l’enquête Campus France sur le devenir des alumni, enquête menée avec l’institut Verian (ex-Kantar public) et qui comptabilise plus de 10 000 répondants, a montré que ces « efforts sont payants » : 96% des alumni ayant participé à l’enquête déclarent qu’avoir suivi des études en France a constitué un atout dans leur cursus.

Autre action existante, la labellisation Bienvenue en France des établissements, « arme d’internationalisation massive » comme l’a dit avec humour l’une des intervenantes, concerne aujourd’hui 156 établissements. Le colloque a donné un éclairage sur les visites d’établissements dans le cadre de cette labellisation, mises en œuvre par 77 experts indépendants. Comme l’ont bien souligné les experts, les visites d’établissements s’effectuent dans une démarche bienveillante et dans un rôle de conseil « de pair à pair ». Nathalie Fick, Directrice des relations internationales et européennes de l’Université de Lorraine et experte, a ainsi estimé que la labellisation permettait à terme de « légitimer le rôle des services RI au sein de l’établissement ».

 

 

Enfin dernier point abordé par l’agence Erasmus +, la possibilité d’utiliser les projets européens nommés « partenariats de coopération » pour le financement de projets visant l’amélioration de l’accueil dans les établissements d’enseignement supérieur. Il s’agissait ici, selon les intervenants d’Erasmus +, de « comprendre les mécanismes et de s’en saisir ». En effet, ces partenariats de coopération sont une ressource financière qu’il s’agit de capter utilement pour les projets d’accueil dans les établissements français.

 

Une certaine « complexification européenne » sur laquelle il convient de réfléchir, selon les termes de la Directrice générale de Campus France, qui a clôturé les deux jours de travaux en adressant un traditionnel appel aux établissements qui voudraient organiser la session 2025 du Colloque de l’accueil, désormais incontournable !          

 

Un compte-rendu complet sera prochainement adressé à tous les participants du colloque ainsi que les liens vers les présentations PowerPoint des intervenants et autres documents.

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Publié le : 03/06/2024 à 10:56
Mis à jour le : 03/06/2024 à 17:21
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