Une nouvelle stratégie d’influence pour l’enseignement supérieur et la recherche français
Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, a présenté le 14 décembre, lors des Journées du réseau des Conseillers de Coopération et d’Action Culturelle (COCAC), la feuille de route de l’influence de la diplomatie française, pour "repenser le sens, les finalités et les outils de notre diplomatie culturelle et d’influence". L’occasion pour le ministre de présenter les lignes de force, priorités stratégiques et méthode pour y parvenir, notamment dans le domaine de l’influence de l’enseignement supérieur français à l’étranger.
"Mettre notre diplomatie culturelle et d’influence au cœur de l’action extérieure de notre pays", tel est l’esprit de l’intervention du ministre qui a développé plusieurs directions allant dans le sens d’une nouvelle impulsion.
La bataille de l’influence
Une diplomatie d’influence, celle qu’exerce la France dans le monde, comme le souligne le ministre, est désormais, "un espace contesté, où certaines puissances paraissent ne reculer devant aucune dépense ni aucun procédé pour tenter d’investir les positions que nous occupons et de limiter notre capacité à faire valoir l’offre française et européenne". Derrière cette "bataille de l’influence", il y a, poursuit Jean-Yves Le Drian, "une bataille des modèles, qui oppose des visions du monde et des visions de l’humain".
Des lignes de force, des priorités stratégiques, une méthode
C’est dans ce contexte que le ministre a fixé ses axes de travail, "dix lignes de force qui sont autant de principes de modernisation et de consolidation de l’offre française". Parmi celles-ci, le ciblage des jeunes publics, pour faire émerger de nouvelles générations de francophiles, et la défense du "modèle français de façon plus assumée et même plus offensive".
Ces lignes de force s’expriment à travers des priorités stratégiques :
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d’une part, mettre en place un "enseignement d’excellence du français au service du plurilinguisme et de la jeunesse", avec le doublement des effectifs des écoles françaises à l’étranger d’ici 2030, de nouveaux dispositifs numériques d’appui aux écoles de langue à l’étranger et la création de nouvelles alliances françaises ;
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il s’agit aussi d’attirer "les talents dans nos universités et d’accompagner la projection internationale des établissements d’enseignement supérieur et de recherche".
L’enseignement supérieur et la recherche comme outil d’influence
Trois points viennent argumenter cet aspect de la stratégie d’influence. Comment attitrer ces talents ? Réponse du ministre :
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en améliorant "les conditions d’accueil des étudiants étrangers, dans la continuité du plan Bienvenue en France de novembre 2018", avec un nouveau plan d’accueil de ces étudiants à la lumière de la crise sanitaire et en essayant d’attirer davantage d’étudiants asiatiques (les pays asiatiques, et singulièrement la Chine et l’Inde, étant aujourd’hui les moteurs de la mobilité internationale des étudiants) ;
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en développant "les campus franco-étrangers, notamment dans l’Indopacifique, et en multipliant les processus de co-diplomation entre universités et grandes écoles françaises et universités étrangères";
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en s’appuyant "sur les alliances d’universités européennes pour développer des coopérations universitaires partout dans le monde".
Une gamme de dispositifs
Au-delà de ces trois points centraux, de nombreuses autres actions sont envisagées (et détaillées dans le dossier de presse) pour améliorer la stratégie d’influence de l’enseignement supérieur et de la recherche français. C’est toute une "gamme de dispositifs permettant d’accompagner les jeunes dans leurs projets" qui est ainsi déclinée :
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consolidation des programmes de bourses du gouvernement français pour les étudiants internationaux et élargissement des dispositifs innovants (le MEAE revient dans le Projet de Loi de Finances 2022 au montant de 64 millions d’euros par an, après une baisse enregistrée en 2021 du fait de la crise sanitaire) ;
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amplification du dispositif Passeports talent pour que des jeunes puissent exercer en France une activité professionnelle ou monter leur projet ;
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généralisation de l’utilisation de la plateforme France Alumni pour qu’elle soit accessible, d’ici à fin 2022, à l’ensemble des étudiants internationaux en France ;
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création d’une plateforme des anciens des écoles et des lycées français à l’étranger en interopérabilité avec la plateforme France Alumni ;
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organisation chaque année à Paris d’une Journée des Alumni qui s’adressera à tous les partenaires et relais de l’influence de la France.
Une équipe France de l’influence
Mais la feuille de route, c’est aussi, selon le Ministre, une méthode. Pour renforcer l’efficacité du dispositif français, poursuit Jean-Yves Le Drian, "nous devons continuer à favoriser les synergies entre opérateurs" et constituer "une véritable équipe France de l’influence". Et dans le domaine des mobilités étudiantes, conclut le ministre sur ce point, on peut "se poser la question d’un rapprochement entre Campus France et l’Agence Erasmus pour traiter ensemble mobilité entrante et mobilité sortante, comme le font par exemple nos partenaires allemand et néerlandais".
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- Le discours du ministre de l’Europe et des Affaires étrangèreshttps://www.diplomatie.gouv.fr/fr/le-ministere-et-son-reseau/actualites-du-ministere/actualites-du-ministere-de-l-europe-et-des-affaires-etrangeres/article/intervention-de-jean-yves-le-drian-ministre-de-l-europe-et-des-affaires
- Le dossier de pressehttps://www.diplomatie.gouv.fr/IMG/pdf/feuille-de-route-influence_v5-3_bd_cle81fa18.pdf